Déclaration des droits et des bienfaits du toucher

Le toucher appartient au patrimoine de l’humanité

En tant qu’expression d’un besoin d’interaction, le toucher est un moyen de communication naturel, essentiel et fondamental présent dans toutes les civilisations depuis l’aube des temps. Le droit de toucher l’autre s’appuie sur la nécessité et la liberté d’établir des relations entre êtres humains. Toutes communautés humaines, toutes cultures se fondent sur des interactions interpersonnelles et collectives dont le toucher fait partie au même titre que le regard, l’écoute ou le langage. De nombreux rituels culturels de reconnaissance, de partage, de célébration font appel au toucher. Le droit de toucher une personne consentante pour créer, maintenir, enrichir une relation est un droit de naissance pour tout être humain.
 

Le toucher est un besoin social

Le toucher crée, manifeste et entretient le lien social. Il symbolise la fraternité et l’entente. Il contribue à l’acceptation et à la valorisation de l’autre, concourt aux échanges intimes, familiaux et communautaires et même aujourd’hui professionnels. L’évolution de notre société de plus en plus technique et de plus en plus virtuelle, le relâchement des liens sociaux traditionnels amènent de plus en plus de personnes à vivre dans la solitude, l’isolement, la marginalité, la frustration de contacts corporels. Le droit de toucher une personne consentante pour lui manifester de la solidarité, du soutien, du réconfort, de la reconnaissance, de la sollicitude, de la présence, de l’aide, du soulagement est un acquis démocratique qui contribue à un devoir citoyen pour une société plus fraternelle et solidaire.

Le toucher contribue au bien-être physique

L’impact sensoriel d’un contact attentionné par le toucher est nécessaire et bénéfique pour le corps. Les enfants privés de toucher présentent des retards de socialisation, d’apprentissage et de développement physique. Un toucher attentionné et bienveillant contribue à une détente, à une récupération et à une sollicitation du corps qui ne peuvent être que profitables pour la santé individuelle et qui entre parfaitement dans le cadre de la politique de la Santé Publique. Alors que chacun s’accorde à dire que de nombreux troubles physiques sont aussi liés à des conditions de vie stressantes et que les français sont les plus gros consommateurs au monde de tranquillisants, le toucher et son corollaire, le massage, en tant qu’outils de détente, de récupération, de prévention et de sollicitation corporelle s’offrent comme une alternative pour un mieux-être corporel.


Le toucher participe à l’équilibre personnel

Sur un plan psychologique, l’importance de la mise en œuvre d’un toucher réconfortant, rassurant et apaisant est de plus admise auprès des femmes enceintes, pour les soins aux jeunes enfants ainsi qu’avec les personnes âgées et naturellement dans l’accompagnement en fin de vie. Le toucher engendre une meilleure conscience, une plus grande écoute du corps, de soi et de ses besoins et participe ainsi à un équilibre intérieur global. Nombre de nos contemporains ont souffert d’un déficit en quantité et/ou en qualité de contacts corporels (si ce n’est de vécus abusifs) qui les handicape dans leur confiance en eux, leur élan de vie et leurs projets personnels. La mise en œuvre dans une relation d’aide d’un toucher attentionné et réparateur permet à celui qui le reçoit de maintenir son équilibre personnel et de mieux gérer sa vie, en particulier pour les personnes traversant des situations difficiles.

Le toucher favorise l’épanouissement relationnel 

Dans les relations humaines, le toucher est un mode essentiel de communication non verbale qui favorise l’expression et le partage des sentiments mais aussi renvoie à l’intimité, au respect et au territoire de chacun. Au moment où hommes et femmes, parents et enfants redéfinissent leur place mutuelle et se plaignent conjointement de liens d’affection et de compréhension mutuelle insatisfaisants, le vécu du toucher favorise la perception et l’acquisition de valeurs relationnelles essentielles telles que l’attention à l’autre et à son corps, la prévenance, la confiance mutuelle, l’intégrité et le respect. En tant qu’apprentissage de ces valeurs et facilitateur de l’expression, la pratique du toucher et du massage en dehors de toute visée médicale ou paramédicale contribue à l’instauration de modes relationnels plus satisfaisants et maintiennent une solidarité ; on découvre tous les jours de nouvelles applications dans tous les domaines, écoles, milieux artistiques, entreprises, hôpitaux. Au fil des années, des milliers de personnes sont « passées entre nos mains » et entre celles de nos élèves. L’immense majorité de ces personnes se sont senties mieux dans leur corps, plus confiantes en elles-mêmes, plus ouvertes aux autres. Elles ont témoigné des bienfaits du toucher et de l’amélioration de leur vie personnelle et relationnelle.
En cette période où beaucoup de nos concitoyens recherchent des moyens de se sentir mieux dans leur corps, dans leur tête et dans leur vie, nous croyons fermement que la pratique du toucher et du massage en tant qu’outils de bienêtre, d’équilibre personnel, d’épanouissement relationnel, d’apprentissage d’un mieux vivre et de soutien socioculturel est un élément de réponse non négligeable.

Texte rédigé par Jean-Louis Abrassard et co-signé par Claude Camilli, Guy Largier et Joël Savatofski.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *